Venise, la Sérénissime
Buongiorno a tutti ! (Bonjour à tous !)
Montaigu Place Forte a organisé, du 8 au 13 février 2014, un séjour pour 16 de nos adhérents. Retrouvez ici le compte-rendu de cette escapade, agrémenté de données techniques et chronologiques, abondamment illustré de photos, escapade qui demeurera, nous l'espérons, impérissable dans la mémoire des participants, tant par la beauté des lieux visités que par l'esprit de jovialité qui entoura le groupe.
Bonne lecture !
Introduction
Ici, vous entrez dans la cité des doges, la sérénissime, la Venise authentique. Cette Venise connue de tous, la Venise des rêves, la Venise des amoureux, la Venise unique. Si la première visite est attendue de pied ferme, revenir ici devient une obligation tant la concentration des émerveillements est exceptionnelle.
Pour mieux comprendre Venise, il convient d'élargir le compte rendu du séjour à son environnement et vous proposer une brève présentation de sa lagune. Car, point de lagune, point de Venise.
Ce concentré de données n'a pas de valeur en soi, nous ne sommes pas des spécialistes de la Cité des Doges. L'objectif de ce préliminaire vise avec modestie à vous faire partager notre séjour avec quelques qualificatifs techniques pris au hasard des documents consultés et faisant appel à nos connaissances personnelles ou récemment acquises. Elles sont intégrées dans le compte rendu journalier. Notre seule volonté, vous transmettre un argumentaire sur cette destination enivrante dont l'ancienneté remonte à 528 !
LA LAGUNE VENITIENNE
La superficie de la Lagune de Venise est d'environ 550 km² (15 fois moins que la superficie du département de l'Allier) dont 8% sont occupés par la terre. 80% sont des zones marécageuses et marais d'eau salée. La profondeur moyenne est d'environ 15 mètres.
Cette étendue d'eau est reliée à l'Adriatique par trois embouchures. Elles sont séparées par un cordon littoral sableux de 12 kms de long pour une largeur de 50 mètres appelé LIDO. Cet endroit est propice à la détente estivale à cause de ses longues plages face à l’Adriatique. Il est difficile de trouver une place en été tant le nombre de touristes y est concentré !
Sa proximité avec la mer Adriatique (mer fermée au nord) occasionne de grandes variations du niveau d'eau, la plus visible de toute provoquant des phénomènes d'acqua alta (haute eau), d'acqua bassa (basse eau). Le premier phénomène se produit en hiver et au printemps favorisant la montée des eaux dans la lagune occasionnant des inondations dans Venise et les îles environnantes. Le deuxième phénomène se produit en période estivale par une baisse des eaux et l'assèchement de petits canaux appelés des rii (pluriel de rio, canal).
Explications du phénomène :
Les variations entre les marées « astronomiques » (lune et soleil) et les marées « climatiques » (pluviométrie) sont retransmises à l'Adriatique par la mer Méditerranée dans un mouvement rotatoire anti-horaire longeant l'Albanie et l'ex-Yougoslavie.
Les profondeurs de ce côté de l'Adriatique > à 4000 mètres remonte de l'eau plus chaude vers le plateau immergé aux abords de Venise. Plateau de 26 km de large, 1 millimètre/mètre de pente. Soit à 26 kms des cotes vénitiennes, une profondeur de 26 mètres seulement ! Accentué par des vents dominants : le Sirocco et la Bora, les conditions de vidage de la lagune sont souvent compromises. La montée/descente des eaux dans la lagune se fait sur 4 heures. Les autochtones sont avertis par des sirènes dont les tonalités de retentissement alerte le vénitien de la hauteur des eaux attendues et de fait des précautions à prendre.
Ainsi, durant ces épisodes de forte variation, c'est environ 20 000 m3/sec qui entrent dans la lagune (à Paris, la Seine débite 200 m3/sec). En deux heures, une montée des eaux peut atteindre deux mètres et inonder 86% des surfaces piétonnes de Venise (50% des terres inondées avec 1,40m). Par précaution et durant la période hivernale / printanière où l' acqua alta sévit, des passerelles pour piétons sont stockées sur les trottoirs et assemblées autant que de besoin. Ce dispositif est fiable mais pour une marée < à 1,20 m. Au-delà, il faut des cuissardes ! La période estivale, à l'inverse, « assèche » certains canaux d’où la nécessité de les entretenir par dragage... A défaut, l’assèchement ne permet plus l'accès par les habitations aux ouvrants se faisant par les canaux !
Ces variations de hauteur d'eau obligent la mise en place d'un balisage dans la lagune. L’implantation de ducs d'Albe, ou « bricole » en italien, sont indispensables. Ce sont des ensembles de trois poteaux plantés dans le fond lagunaire pour aider la navigation des bateaux et éviter les échouages. Les « bricole » portent des numéros très lisiblement peints, ce qui permet de se diriger même par temps de brume. Un service de cantonniers des mers existe pour veiller au remplacement des « bricole » rongées. De même, qu'il convient de protéger les pilotis des édifices séculaires par l'adjonction de béton là où les fondations sont en contact avec l'eau salée. Ici, pas de tout à l'égout ou plus exactement la lagune digère tout !
À noter : depuis plusieurs années, le projet Moise (Mose en italien) est en cours d'édification. Cette construction de 3 barrages mobiles par gravité dans les 3 embouchures vise à isoler la lagune de la mer adriatique durant le passage des pics de marée. Fin des travaux attendue en 2015.
Pour revenir à la Lagune, toutes les îles ne sont pas naturelles. Il existe quelques îles artificielles notamment celle du port de Venise : le Tronchetto. Le port accueille les grands navires marchands et les ferris de touristes. Cette île est reliée à la Piazza Roma par un monorail aérien (aller simple : 1€). Plus au Sud, le canal des pétroliers construit mécaniquement et de façon rectiligne pour permettre aux pétroliers et autres grands navires d'accéder au port de Marghera. Les remblais et alluvions extraits ont permis la création de deux îles.
VENISE LA SERENISSIME
Le centre historique de Venise est formé de 124 îlots, 183 canaux et d'une superficie de 630 hectares. L'ensemble est relié par plus de 400 ponts qui forme un territoire unique. Venise est subdivisée en six anciens districts administratifs appelés sestieri. Trois de chaque côté du Grand Canal (Canal Grande en italien) dont la longueur est de 3,8 kms.
Sa forme géographique ressemble à un poisson. Les canaux à son réseau sanguin !
Au Nord du Grand Canal se trouve, côté Ouest, le sestiere du Cannaregio, à l'Est, le sestiere du Castello. Tous les deux sont des quartiers résidentiels, tranquilles et toujours intéressants à visiter (présence de l'Hôpital, de l'Arsenal, de musées, de jardins).
Dans le méandre Est du Grand Canal se trouve le sestiere de San Marco avec l'élégant Palais des Doges, le grand campanile, la place Saint-Marc et ses musées, et enfin la majestueuse basilique Saint-Marc. Pour la construction de la basilique Saint-Marc, 1 200 000 pilotis ont été utilisés !
Au sud du Grand Canal, dans le méandre Ouest, nous avons deux sestieres : Le Santa Croce et le San Polo, secteurs très commerçants sur cette partie le sud du Grand Canal. Le dernier, le plus à l'abri des vents du Nord, le sestiere du Dorsoduro, le plus « dur » au niveau de son sous-sol. Ce dernier est fortement apprécié des vénitiens pour ses quais aménagés à la promenade.
Chacun sait que les fondations de Venise reposent sur des millions de pilotis de 4 mètres de long, en majeure partie composées en chênes, aulnes et mélèzes. A l' Est du Dorsoduro, pour les fondations de la basilique Santa Maria della Salute, les vénitiens utilisèrent 1 006 657 pilotis de 4 mètres ! Je laisse le soin à chaque internaute d'estimer le nombre total d'arbres nécessaires pour supporter tous ces édifices en marbre d'Istrie en intégrant évidemment le besoin des palais et autres habitations.
Plus au Sud, face à Venise, l'île de la Giudeccia, grand cordon insulaire densément peuplé. À son extrémité Est, San Giorgio de Maggiore et son campanile fier de 63 mètres de haut, face à la place Saint-Marc, avec vue imprenable garantie !
LES PONTS
Venise est distante de 4 km de la terre ferme et 2 km de la mer. L'île est reliée à la terre continentale par le Pont de la Liberté pour les véhicules et le Pont des Lagunes pour la voie ferrée.
Quatre autres ponts enjambent le Grand Canal :
- Le pont de la Constitution (ponte della Costituzione), construit en 2008, relie la gare Santa Lucia au parking véhicule (Ferrovia à Piazza Roma)
- Le pont des Déchaussés (ponte degli Scalzi), construit en 1934, d'une longueur de 40 m et d'une hauteur de 6,5m, permet le passage du sestiere Cannaregio au sestiere San Polo.
- Le pont du Rialto (ponte di Rialto), en référence aux îles rialtines, construit en 1586-1591, accuse une longueur de 48 m, une hauteur de 7,30 m et une largeur de 23 m. C'est le plus ancien pont enjambant le canal, le plus visité également... 12 000 pilotis svp !
- Le pont de l'Académie (ponte dell'Accademia), construit en 1933, en 35 jours, est en bois. D'abord provisoire, il conquit le cœur des vénitiens et ne sera pas remplacé.
AUTRES DONNEES CHIFFREES
- Nombre d'églises : 84 !
- Nombre de campaniles : 7, le plus célèbre étant celui de la place San Marco, culminant à 97 m avec ascenseur. Le plus penché, celui de San Stefano qui n'a rien à envier à la tour de Pise !
- Nombre de musées : 14
- Nombre de palais sur le Grand Canal : 100 !
- Nombre d'hébergements : 100 000 + chambres d'hôtes
- Nombre de visiteurs : 25 millions 2013
- L'aéroport au nord est à 30 minutes en bateau-taxi.
UN MODE DE LOCOMOTION UNIQUE
La situation géographique de Venise au milieu de la lagune fait que l'essentiel du transport de personnes et de marchandises se fait par voie d'eau. C'est pourquoi, la cité vénitienne demeure aujourd'hui la seule ville de taille importante (65000 vénitiens) à être libre d'automobile et de camion malgré des aménagements importants.
Le transport individuel traditionnel est la gondole, bien qu'elle ne soit quasiment plus utilisée que par les touristes ou pour des occasions particulières (cérémonie, mariage, enterrement,...). Il n'en reste plus que 400 aujourd'hui.
Les vénitiens utilisent surtout des bateaux-bus appelés vaporetto qui desservent les différentes îles de la lagune. On dénombre environ 20 lignes, 90 embarcadères/stations et 180 vaporetti. Il existe également 6 endroits dépourvus de ponts où des gondoles à deux rameurs traversent le grand canal pour la modique somme de 2€ : ces embarcations s’appellent des traghetti. Les vénitiens utilisent également des petits bateaux motorisés. Des bateaux-taxis existent pour les touristes et sont bien utiles pour répondre à l'urgence en périodes d'acqua alta ! Il ne faut pas oublier les autres transports : remorqueur, ambulance, pompier, police, transport mortuaire, grue, frêt, ferry pour le transport de véhicules entre le port Tronchetto et le Lido, etc... à découvrir dans le compte rendu !
AUTRES POINTS D'INTERETS
La visite des îles :
- Burano pour sa dentelle
- Murano pour sa verrerie
- Torcello pour son église
- Chiogga pour son port de pêche
Cité du violonniste Antonio Vivaldi, de nombreux concerts sont à l’affiche dans les églises pour un tarif raisonnable < à 30€.
EN CONCLUSION
Venise reste encore une ville qui bat au rythme de sa lagune, de ses marées, de ses humeurs. Inscrite sur la liste du patrimoine mondiale de l'UNESCO depuis 1987, elle ne laisse pas indifférent le cœur de ses visiteurs de plus en plus nombreux.
Conséquences : le tourisme prend le pas sur les insulaires en forte diminution et contribue à l’expanxion de nouveaux hébergements d'accueil. Ce qui fait également le bonheur des restaurateurs dont les tarifs pratiqués ne sont pas bon marché!
Excellent voyage à travers notre compte rendu journalier, en espérant que cela vous suscite l'envie de vous rendre à Venise.